NICOLE APRIL, CHANTALE AUDET, LOUISE GUYON, HÉLÈNE GAGNON /

Nicole April, MD, MPH, FRCPC, Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)

Chantale Audet, M.A., Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)

Louise Guyon, M.A., Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)

Hélène Gagnon, Ph. D., Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Université Laval

Résumé :

La consommation d’alcool chez les femmes est en augmentation et certaines continuent de prendre de l’alcool pendant leur grossesse, même s’il est connu que cette substance est tératogène. Ce comportement est plus prévalent au Québec que dans le reste du Canada et il est plus fréquent chez les femmes de milieux plus favorisés. Une meilleure compréhension des façons de voir la consommation d’alcool pendant la grossesse pourrait contribuer à ajuster les interventions de prévention en tenant compte du point de vue des femmes enceintes. Cette étude visait à explorer les représentations des femmes enceintes au regard de la consommation d’alcool pendant la grossesse, et plus spécifiquement en tenant compte de différents contextes socioéconomiques. Une démarche qualitative a permis de mettre en perspective le discours de 31 femmes provenant de différents contextes socioéconomiques. Ces femmes ont été recrutées dans les cours prénatals et dans un programme d’aide pour les femmes enceintes qui vivent avec un faible revenu. Les représentations de la consommation d’alcool pendant la grossesse différent selon le contexte socioéconomique, hormis le fait que toutes les répondantes considèrent que prendre beaucoup d’alcool pendant la grossesse n’est pas acceptable. Quant à l’acceptabilité d’une consommation modérée, les représentations des femmes moins favorisées sont plus strictes et semblent basées sur leur bon sens. Chez les femmes plus favorisées, les représentations sont plus nuancées et sont appuyées sur des connaissances acquises notamment au moyen de la documentation écrite. Ces femmes déplorent l’incertitude quant à l’existence possible d’une quantité minimale d’alcool sans risque pendant la grossesse ainsi que certaines incohérences dans les messages qu’elles reçoivent. Les femmes qui ont participé à cette étude souhaitent recevoir une information juste et complète relativement à la consommation d’alcool. Elles veulent également recevoir des recommandations claires et précises sur ce sujet afin d’être en mesure de prendre des décisions éclairées.

Mots-clés : Représentations sociales, alcool, grossesse, syndrome d’alcoolisation fœtale, étude qualitative

Social representations and alcohol use during pregnancy

Abstract

Women are drinking more alcohol than ever, and some persist during pregnancy despite common knowledge that alcohol in pregnancy is teratogenic. Alcohol consumption during pregnancy is more prevalent in Quebec than in the other Canada provinces, and more affluent pregnant women drink alcohol during pregnancy than do less affluent women. A better understanding of women perceptions of alcohol drinking during pregnancy could help to adjust interventions of prevention taking their point of view into account. The present study aimed to explore the social representations of pregnant women regarding the use of alcohol in pregnancy, and more specifically to determine whether their representations are influenced by social class. A qualitative investigation allowed the authors to document the ideas expressed by 31 women belonging to different socio-economic strata. Subjects were recruited via public prenatal courses, and also via an enriched prenatal programme designed to help disadvantaged pregnant patients. Women of different socio-economic classes formulate different social representations regarding alcohol consumption in pregnancy, although they shared a common ground in which all subjects expressed disapproval of heavy alcohol use in pregnancy. Disadvantaged patients were more critical of moderate alcohol use in pregnancy, and seemed to base their opinions on common sense. More affluent women were less categorical, and based their opinions mostly on knowledge, coming in particular from written documentation. These women deplore the confusion regarding the possible existence of an acceptable lower limit of alcohol consumption in pregnancy as well as certain inconsistencies in the prevention messages given to them. The women who participated to this study wish to receive accurate and complete information about alcohol drinking. They want to receive clear and precise recommendations on this topic in order to make informed choices.

Keywords: Social representation, alcohol, pregnancy, fœtal alcohol syndrome, qualitative research

Representaciones sociales y consumo de alcohol durante el embarazo

Resumen

El consumo de alcohol entre las mujeres está en aumento y algunas de ellas continúan bebiendo alcohol durante el embarazo, aun si se sabe que esta sustancia es teratógena. Este comportamiento es más preponderante en Quebec que en el resto de Canadá y es más frecuente entre las mujeres de medios más favorecidos. Una mejor comprensión de las maneras de ver el consumo de alcohol durante el embarazo podría contribuir a ajustar las intervenciones de prevención, teniendo en cuenta el punto de vista de las mujeres embarazadas. Este estudio tiene como objetivo explorar las representaciones de las mujeres embarazadas con respecto al consumo de alcohol durante el embarazo y, más específicamente, teniendo en cuenta los diferentes contextos socioeconómicos. Un proceso cualitativo ha permitido poner en evidencia la opinión de 31 mujeres provenientes de diferentes contextos socioeconómicos. Estas mujeres fueron reclutadas en los cursos prenatales y en un programa de ayuda para las mujeres embarazadas que viven con escasos ingresos. Las representaciones del consumo de alcohol durante el embarazo difieren según el contexto socioeconómico, excepto en el hecho de que todas las participantes en el estudio consideran que no es aceptable beber mucho alcohol durante el embarazo. En cuanto a la aceptación de un consumo moderado, las representaciones de las mujeres menos favorecidas son más estrictas y parecen basarse en el sentido común. Entre las mujeres más favorecidas, las representaciones están más matizadas y se apoyan en conocimientos adquiridos principalmente a través de documentación escrita. Estas mujeres lamentan que no se sepa con certeza cuál es la cantidad mínima de alcohol que se puede consumir sin riesgo durante el embarazo, así como ciertas incoherencias en el mensaje que reciben. Las mujeres que participaron en este estudio desearían recibir una información justa y completa sobre el consumo de alcohol. Al mismo tiempo, desean recibir recomendaciones claras y precisas sobre este tema para poder tomar decisiones esclarecidas.

Palabras clave: Representaciones sociales, alcohol, embarazo, síndrome de alcoholización fetal, estudio cualitativo

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