ÉLISE ROY, CAROLE MORISSETTE, NANCY HALEY, NATALIA GUTIÉRREZ, LOUIS ROUSSEAU, VÉRONIQUE DENIS /

Élise Roy, MD, M. Sc., Médecin, DSP de Montréal, Université de Sherbrooke

Carole Morissette, MD, FRCPC, Médecin, Secteur Vigie et protection, DSP de Montréal

Nancy Haley, B. Sc., MD, FRSQ(C), FAAP, Médecin, Secteur École et milieu en santé, DSP de Montréal

Natalia Gutiérrez, M. Sc., Agente de planification socio-sanitaire, DSP de Montréal

Louis Rousseau, B. Sc., M. Sc., Agent de planification socio-sanitaire, DSP de la Mauricie

Véronique Denis, B.A., M. Sc., Professionnelle de recherche, Université de Sherbrooke

Résumé :

Dans le cadre du développement d’une campagne de prévention du passage à l’injection de drogues chez les jeunes de la rue, nous avons mené sept groupes de discussion auprès de 37 d’entre eux âgés de 15 à 23 ans. L’analyse, à la fois déductive et inductive, a permis d’identifier les dimensions reflétant le point de vue des jeunes à propos de l’injection de drogues et des éléments qui favorisent le passage à l’injection dans leur milieu. Les résultats montrent que l’injection est généralement désapprouvée par les jeunes de la rue. Plusieurs ont des réserves, celles-ci étant liées aux conséquences négatives de l’injection. Ce que les jeunes redoutent le plus, c’est de devenir «accro», un risque qu’ils associent davantage à l’injection qu’aux autres modes de consommation. Malgré la désapprobation générale, au contact des utilisateurs de drogues par injection (UDI), il se produit une sorte de désensibilisation qui entraîne vers l’injection les plus vulnérables, soit les plus jeunes, surtout ceux qui satisfont leur besoin de sensations fortes à travers la drogue et recherchent une valorisation dans le monde de la rue. Divers éléments d’ordre individuel et social agissent alors pour amener ces jeunes à s’initier à l’injection. Plusieurs de ces éléments peuvent être modifiables par des interventions préventives.

Mots-clés : injection de drogues, initiation, jeunes de la rue, prévention, méthode du groupe de discussion

Injection drug use: street’s youth point of view

Abstract

During the development of a media campaign, aimed at preventing initiation into injection drug use among street youth, we conducted seven focus groups with 37 youth aged between 15 and 23 years. The analysis process, at the same time deductive and inductive, permitted us to identify dimensions reflecting the viewpoint of street youth concerning injection drug use and the factors that favour initiation in their milieu. The results show that injection is generally disapproved of among street youth. Many have reservations because of the negative consequences linked to this behaviour. What youth fear most is becoming «an addict», a risk that they associate especially with injection compared with other forms of drug use. Despite widespread disapproval, with continuing contact with injection drug user (IDUs), a kind of desensitization occurs which affects the most vulnerable youth, mainly the youngest, mostly those who satisfy their need for strong sensations through drugs and seek social valorisation in the street scene. Different factors, both on an individual level as well as a social level, influence these youth to start injecting. Some of these factors may be modifiable through preventive interventions.

Keywords: injection drug use, initiation, street youth, prevention, focus group method

La inyección de drogas según los jóvenes de la calle

Resumen

En el marco del desarrollo de una campaña de prevención del pasaje a la inyección de drogas en los jóvenes de la calle, hemos dirigido siete grupos de discusión en los que participaron 37 jóvenes de 15 a 23 años. El análisis, a la vez deductivo e inductivo, ha permitido identificar las dimensiones que reflejan el punto de vista de los jóvenes sobre la inyección de drogas y los elementos que favorecen el pasaje a la inyección en su medio. Los resultados muestran que los jóvenes de la calle desaprueban en general el uso de la inyección. Muchos de ellos tienen reservas sobre las consecuencias negativas de la inyección y lo que más temen es devenir adictos, riesgo que asocian a la inyección de drogas más que a cualquier otro modo de consumo. A pesar del rechazo general, en el contacto con los usuarios de droga por inyección (UDI) se produce un tipo de desensibilización que atrae hacia la inyección a los más vulnerables, es decir, a los más jóvenes, sobre todo los que satisfacen su necesidad de sensaciones fuertes a través de la droga y que buscan una valorización en el mundo de la calle. Actúan entonces diversos elementos de naturaleza individual y social que llevan a estos jóvenes a iniciarse en las drogas inyectables. Muchos de estos elementos pueden modificarse mediante intervenciones preventivas.

Palabras clave: inyección de drogas, iniciación, jóvenes de la calle, método del grupo de discusión

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