Le choix de privilégier la famille comme sujet pour lancer la revue n’est pas le fruit du hasard. Il reflète l’intérêt du comité de rédaction pour un aspect fondamental associé à la consommation de substances psychoactives et à la toxicomanie. […]
Nous avons voulu proposer un regard scientifique et une réflexion sur la construction des comportements et des valeurs face à l’alcool et aux drogues et face à la consommation de ces produits, à l’abus que certains développent et examiner plus particulièrement l’influence des proches sur cette construction. D’où un premier sous-thème : La famille comme lieu d’apprentissage. Nous voulions également considérer son contraire, c’est-à-dire l’impact de la toxicomanie sur la famille : comment celle-ci réagit et se transforme lorsqu’un de ses membres s’engage dans une consommation abusive ou dans la dépendance. Deuxième sous-thème, donc : Les effets de la toxicomanie sur la famille. Et finalement, nous voulions aborder Le rôle de la famille dans la démarche thérapeutique de la personne toxicomane et la sortie de la dépendance : c’est le troisième sous-thème proposé. […]
Le thème est lourd de débats irrésolus qui opposent le droit des parents toxicomanes et l’intérêt de l’enfant ; le droit des femmes à leur corps et le droit de donner naissance quand elles le désirent, même si elles consomment avec excès des produits toxiques, s’opposant à un éventuel droit du fœtus ; le droit de l’État de surveiller, sinon de réguler les habitudes de consommation des citoyens – un droit qui ne manque pas de rationnels économiques, mais qui se heurte au droit constitutionnel des Canadiens et Canadiennes à la vie privée. Et qui plus est, ces débats animent la scène sociale à un moment où la famille est en pleine mutation ! […]
Pour toutes ces raisons – ampleur de l’objet, instabilité de l’institution et des normes familiales, création toute récente de la revue – ce numéro est un coup de sonde qui joue son rôle de défricheur du terrain. […]
Louise Guyon, Marie-Andrée Bertrand
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