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MORGAN VALLÉE /

Morgan Vallée, M. Sc en sociologie, Université de Montréal et auxiliaire de recherche, MÉOS

Correspondance
Morgan Vallée
955, avenue du Mont-Royal Est
Montréal, QC H2J 1X4
Courriel : morgan.vallee@umontreal.ca

Financement
Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC)


Résumé

Les substances psychédéliques ont été utilisées par les humain·es depuis des millénaires à travers le monde, pour des raisons spirituelles, religieuses, thérapeutiques, récréatives, exploratoires. À partir de la fin du 19e siècle, leur synthèse ouvre la voie à des recherches dans les disciplines médicales ainsi qu’en sciences humaines et sociales. Restée dormante pendant plusieurs décennies à la suite de leur classification comme substances contrôlées au début des années 1970, la recherche sur les psychédéliques connaît depuis les années 2000 un essor important parfois qualifié de « renaissance psychédélique ». Un nombre croissant de recherches sont menées, principalement dans la sphère clinique, avec l’espoir de développer de nouveaux traitements en santé mentale. Les recherches en sciences sociales, bien qu’existantes et de plus en plus nombreuses, restent moins visibles, et leurs résultats ne sont que rarement pris en compte dans la recherche clinique. Pourtant, l’importance des facteurs contextuels, sociaux, culturels, politiques, dans l’expérience et l’interprétation de l’expérience psychédélique, est connue au moins depuis les années 1950-1960 avec la formulation du concept fondamental de set and setting. Cet article met en lumière plusieurs limites d’une « renaissance psychédélique » fortement dominée par le paradigme thérapeutique médical occidental, ainsi que ce que cela implique pour la définition de pratiques légitimes et illégitimes. En revenant sur les avancées récentes des sciences sociales et en proposant la prise en compte de la société comme cadre incontournable de l’expérience psychédélique et des usages qui en sont faits, nous argumenterons que les substances psychédéliques devraient être considérées, plus que de simples molécules, comme des objets sociaux et culturels, et l’expérience psychédélique comme une production sociale. Au-delà des implications importantes pour la sphère clinique, ce changement de paradigme permet en outre une meilleure prise en compte des usages non cliniques des psychédéliques, notamment récréatifs, exploratoires, spirituels, religieux.

Mots-clés : psychédéliques, renaissance psychédélique, facteurs extra-pharmacologiques, set and setting, médicalisation, épistémologie

Beyond the Medical Paradigm: Psychedelics as Social Object

Abstract

Psychedelic substances have been used by humans for millennia across the world for spiritual, religious, therapeutic, recreational, and exploratory reasons. From the late 19th century, their synthesis paved the way for research in medical disciplines as well as in the humanities and social sciences. Largely dormant for several decades due to their classification as controlled substances in the early 1970s, psychedelic research has experienced significant growth since the 2000s, sometimes referred to as the “psychedelic renaissance.” An increasing number of studies are being conducted, mainly within the clinical sphere, with the hope of developing new mental health treatments. Research in the social sciences, though existing and growing, remains less visible, and its findings are rarely taken into account in clinical research. However, the importance of contextual, social, cultural, and political factors in the experience and interpretation of psychedelic experiences has been known at least since the 1950s-1960s with the formulation of the fundamental concept of set and setting. This article highlights several limitations of a “psychedelic renaissance” strongly dominated by the paradigm of Western medical therapeutic practices, as well as the implications for defining legitimate and illegitimate practices. By reviewing recent advances in social sciences and proposing the consideration of society as an essential framework for understanding the psychedelic experience and its uses, we will argue that psychedelic substances should be considered, more than mere molecules, as social and cultural objects, and the psychedelic experience as a social production. Beyond the important implications for the clinical sphere, this paradigm shift also allows for a better consideration of non-clinical uses of psychedelics, notably recreational, exploratory, spiritual, and religious.

Keywords: psychedelics, psychedelic renaissance, extra-pharmacological factors, set and setting, medicalization, epistemology

Más allá del paradigma médico: los psicodélicos como objetos sociales

Resumen

Las sustancias psicodélicas fueron utilizadas por los humanos y humanas desde hace milenarios a través del mundo ya sea por razones espirituales, religiosas, terapéuticas, recreativas o exploratorias. A partir de fines del siglo 19 su síntesis abrió la puerta a investigaciones tanto en las disciplinas médicas como en las ciencias humanas y sociales. En estado latente durante muchos decenios como consecuencia de su clasificación como sustancias controladas a comienzos de los años 70, la investigación sobre los psicodélicos conoce un auge importante desde los años 2000, a veces calificado de “renacimiento psicodélico”. Se llevan a cabo una cantidad cada vez mayor de investigaciones, principalmente en la esfera clínica, con la esperanza de desarrollar nuevos tratamientos en salud mental. Las investigaciones en ciencias sociales, aunque existentes y cada vez mas numerosas, son menos visibles y sus resultados se consideran raramente en la investigación clínica. Sin embargo, la importancia de los factores contextuales, sociales, cultuales y políticos en la experiencia y la interpretación de la experiencia psicodélica es conocida por lo menos desde los años 1950-1960, con la formulación del concepto fundamental de “estado mental y ambiente” (“set and setting”). En este artículo se destacan varios límites de un “renacimiento psicodélico” fuertemente dominado por el paradigma terapéutico médico occidental, así como lo que ello implica para la definición de prácticas legítimas e ilegítimas. Volviendo sobre los avances recientes de las ciencias sociales y proponiendo tomar en cuenta a la sociedad como marco inevitable de la experiencia psicodélica y de los usos que de ella se hacen, argumentaremos que las mismas deberían considerarse, mas que como simples moléculas, como objetos sociales y culturales y la experiencia psicodélica como una producción social. Más allá de las implicaciones importantes para la esfera clínica, este cambio de paradigma permite además una mejor consideración de los usos no clínicos de los psicodélicos, particularmente recreativos, exploratorios, espirituales y religiosos.

Palabras clave: psicodélicos, renacimiento psicodélico, factores extra farmacológicos, estado mental y ambiente (set and setting), medicalización, epistemología


Le terme « psychédélique », créé à la fin des années 1950 par le psychiatre britannique Humphry Osmond sur la base des mots grecs psych et dēleín (manifestation de l’âme/esprit), désigne un ensemble de substances aux propriétés similaires (Osmond, 1957a).

Celles-ci peuvent être définies pharmacologiquement à partir de leur composition chimique et de leur mécanisme d’action, désignant alors une sous-classe de substances hallucinogènes qui ont la particularité d’être des agonistes du récepteur de sérotonine 5-HT2A (Nichols, 2004 ; Vollenweider et Kometer, 2010 ; Rifkin et al., 2020). On retrouve dans la littérature le terme de « psychédéliques classiques » qui correspond à cette définition. Ceci inclut entre autres le LSD, la mescaline, la psilocybine et psilocine (molécules présentes dans les champignons dits « magiques »), la DMT (molécule présente dans l’ayahuasca).

Phénoménologiquement, les psychédéliques sont des substances qui ont la capacité d’induire un état de conscience non ordinaire caractérisé par des changements profonds dans la perception sensorielle, l’humeur, la cognition, le sens de soi (Vollenweider et Kometer, 2010 ; Rifkin et al., 2020), ainsi que des expériences mystiques qui peuvent être particulièrement significatives pour la personne qui les vit (Griffiths et al., 2006), jusqu’à parfois modifier ses croyances métaphysiques (Timmermann et al., 2021).

Les substances psychotropes qualifiées aujourd’hui de psychédéliques ont été utilisées au cours de l’histoire humaine par de multiples peuples à travers le monde (Hofmann et Schultes, 1979 ; Samorini, 2019). Des usages probables, pour certains remontants à plusieurs millénaires, ont ainsi été documentés à partir de données archéologiques, ethnobotaniques et ethnographiques en Amérique du Nord (El-Seedi et al., 2005), Mésoamérique (Dobkin de Rios, 1984 ; Carod-Artal, 2015), Amérique du Sud (Carod-Artal et Vázquez-Cabrera, 2006), Europe (Akers et al., 2011) et Afrique du Nord (Samorini, 2019).

Pour les communautés qui les ont utilisées, les substances psychédéliques étaient généralement considérées comme des enthéogènes, c’est-à-dire des substances permettant de rapprocher les personnes du monde spirituel ou divin (George et al., 2020). Du fait de leurs propriétés halluci­nogènes, elles pouvaient être utilisées pour induire des états mystiques ou extatiques lors de cérémonies religieuses ou de rituels de soin généralement supervisés par une figure de guide spirituel (Carod-Artal, 2015 ; Michaels et al., 2018). Dans certaines communautés en Amazonie, on pouvait aussi consommer de l’ayahuasca à des fins d’inspiration artistique, pour résoudre des conflits interpersonnels, ou même en temps de guerre (Sánchez et Bouso, 2015). Les Mayas, quant à elles et eux, faisaient usage de diverses plantes et breuvages (par exemple le balché) aux propriétés psychoactives lors de rituels de divination (Carod-Artal, 2015). La présence de pétroglyphes et de fresques représentant des cacti ou des champignons aux vertus possiblement psychotropes à travers la majorité des régions du monde a amené certain·es chercheur·euses à faire l’hypothèse d’un lien entre l’utilisation de ces substances et le développement de rites chamaniques à travers le monde (Winkelman, 2019). Re-« découvertes » et synthétisées dans les pays occidentaux entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e siècle, les substances psychédéliques sont intensément étudiées par la recherche clinique et les sciences sociales jusqu’à leur classification comme substances contrôlées au début des années 1970 (Oram, 2018). Si les recherches cessent alors brutalement, les usages, quant à eux, perdurent. Alors qu’en 1972, 5,0 % des états-unien·nes (la plupart âgé·es de moins de 18 ans) déclarent avoir utilisé au moins une fois des psychédéliques au cours de leur vie, iels sont 25,0 % des 18-25 ans à rapporter en avoir fait usage sept ans plus tard (Hunt, 1997). Faire la fête, explorer sa conscience, se rapprocher du divin, vivre une expérience collective particulière, stimuler sa créativité, augmenter sa productivité au travail, ou simplement assouvir sa curiosité sont autant de raisons qui peuvent motiver les personnes à faire usage de psychédéliques (Andersson et Kjellgren, 2019 ; Dollar, 2021 ; Basedow et Kuitunen-Paul, 2022).

Après un sommeil de plusieurs décennies, la recherche sur les psychédéliques connaît depuis les années 2000 un essor important parfois qualifié de « renaissance psychédélique » (Sessa, 2012). Un nombre exponentiel de recherches sont depuis ainsi menées, principalement dans la sphère clinique, avec l’espoir de développer de nouveaux traitements en santé mentale. Les recherches en sciences sociales, bien qu’existantes et de plus en plus nombreuses, restent moins visibles, et leurs résultats ne sont que rarement pris en compte dans la recherche clinique (Hartogsohn, 2017). Pourtant, l’importance des facteurs contextuels, sociaux, culturels, politiques, dans l’expérience et l’interprétation de l’expérience psychédélique, est connue au moins depuis les années 1950-1960 avec la formulation du concept fondamental de set and setting (Leary, 1961).

Cet article propose, dans un premier temps, d’effectuer une brève contextualisation historique de l’évolution de la recherche dans le champ des psychédéliques. Il s’agira de mieux comprendre comment le paradigme thérapeutique médical occidental en est venu à dominer le champ de la production du savoir sur les psychédéliques, et ce que cela implique pour la définition de pratiques légitimes et illégitimes. En revenant sur les avancées récentes des sciences sociales et en proposant la prise en compte de la société comme cadre incontournable de l’expérience psychédélique et des usages qui en sont faits, nous argumenterons que les substances psychédéliques devraient être considérées, au-delà de simples molécules, comme des objets sociaux et culturels, et l’expérience psychédélique comme une production sociale.

Contextualisation de la première vague de recherche sur les psychédéliques

Premières études cliniques

Entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e siècle, des chimistes européens parviennent à synthétiser de la mescaline, du LSD, de la psilocybine. En permettant de contrôler précisément le dosage, ces avancées ouvrent la voie à la recherche dans un cadre clinique. Ainsi, au cours des années 1950-1960, des milliers d’études sont menées en psychiatrie et en psychologie notamment dans l’espoir de développer des traitements pour certains troubles de santé mentale (Passie, 1997).

La recherche clinique avec les psychédéliques se déploie alors sur deux avenues principales : le traitement des addictions, et celui des psychoses (Dyck, 2012). Une hypothèse alors répandue postule que les psychédéliques fonctionnent de façon « psychotomimétique », c’est-à-dire qu’ils provoqueraient le même type d’effets qu’une psychose (Hartogsohn, 2017). Il est estimé que plusieurs milliers de patient·es seront traité·es par psychothérapie psychédélique dans les années 1950-1960 (Passie, 1997). Certain·es psychiatres vont également s’auto-administrer du LSD pour tenter de mieux comprendre leurs patient·es schizophrènes (Dyck, 2012).

Si les psychédéliques ont parfois permis une meilleure prise en compte du bien-être des patient·es, voire une certaine révolution dans la considération et le traitement des troubles de santé mentale (Dyck, 2012), leurs effets ont également été étudiés dans le cadre de tentatives de thérapie de conversion à l’hétérosexualité (Dubus, 2020) ou encore dans des recherches de l’armée ou des services secrets en contexte de guerre froide (Pace et Devenot, 2021 ; Strauss et al., 2022).

Premières études socioculturelles

Au-delà des recherches cliniques en psychiatrie, un pan important de la recherche des années 1950 et 1960 va se développer à travers les sciences sociales. Ces recherches ont permis d’éclairer l’importance des facteurs extra-pharmacologiques (c’est-à-dire autres que la composition de la substance ou son dosage) dans la constitution de l’expérience psychédélique, notamment les facteurs individuels, sociaux, culturels, politiques.

Set and setting

Le set and setting renvoie aux paramètres psychologiques, environnementaux, sociaux, culturels, qui viennent moduler la réponse à des substances psychédéliques, au-delà des propriétés de la substance elle-même. Le set (raccourci pour mindset) désigne ainsi l’état mental de la personne qui prend la substance (son humeur, sa personnalité, ses attentes), tandis que le setting réfère à l’environnement physique et social (Hartogsohn, 2017).

L’importance des facteurs extra-pharmacologiques dans l’expérience d’une substance psycho­active est connue depuis des millénaires par les communautés autochtones faisant usage de psychédéliques (Neitzke Spruill, 2020). Divers rituels collectifs pouvaient ainsi être effectués sous la supervision d’une figure chamanique qui, par différentes actions (en chantant, dansant, ou soufflant de la fumée par exemple,) pouvait influencer le contexte d’usage et donc guider l’expérience vécue par les personnes (Beyer, 2010 ; Carod-Artal, 2015). Dans le monde occidental, l’importance de ces facteurs est discutée depuis au moins le 19e siècle, notamment par rapport au haschisch (Hartogsohn, 2017).

Le concept de set and setting n’émerge cependant qu’à partir des années 1960 dans le champ de la recherche psychédélique. Il s’agissait alors de proposer une explication qui permette de rendre compte du fait que les résultats obtenus au sein de différents protocoles expérimentaux en recherche clinique variaient considérablement. Par exemple, à la suite de l’administration d’une même dose d’une même substance, les résultats thérapeutiques étaient extrêmement différents entre des patient·es ayant vécu l’expérience attaché·es à leur lit, par rapport à d’autres qui auraient bénéficié d’une approche davantage centrée sur leur bien-être (Hartogsohn, 2017).

L’invention du terme set and setting est communément attribuée à Timothy Leary, psychologue de Harvard célèbre pour son important militantisme pro-psychédéliques (Leary, 1961). Au cours des années 1960, Leary et ses collègues publient plusieurs articles dédiés au set and setting, avec l’hypothèse que ces facteurs extra-pharmacologiques sont les déterminants les plus importants du contenu de l’expérience psychédélique. Le set and setting comme discuté par Leary et ses collègues inclut des facteurs internes à la personne ainsi que des facteurs externes comme l’environnement social et culturel.

Ce concept est fondamental pour la compréhension de ce qui constitue et module une expérience psychédélique en dehors des caractéristiques de la substance elle-même. Autrement dit, le set and setting remet en question un fonctionnement de la substance psychédélique qui serait mécanique et d’ordre purement pharmacologique.

Des ajustements vont par la suite être apportés aux recherches cliniques afin de davantage prendre en compte ces facteurs extra-pharmacologiques. Un exemple est le courant de la « socio-­architecture », attaché à créer un espace favorable au vécu des expériences psychédéliques, dont la philosophie (et la consommation de LSD par l’architecte Kyo Izumi) a informé la conceptualisation du Weyburn Mental Hospital en Saskatchewan (Osmond, 1957b).

Déterminants socioculturels et politiques

Au-delà des facteurs relevant de l’individu et de son environnement immédiat au cours d’une prise, des recherches et des discussions anthropologiques ont mis en lumière la façon dont les attitudes culturelles venaient également influencer le vécu et l’interprétation des expériences psyché­déliques (Slotkin, 1956 ; Wallace, 1959). Dans une étude comparative entre personnes autochtones et allochtones[1] blanches sur les effets consécutifs à la prise de mescaline, Slotkin avait observé que les deux groupes vivaient des expériences extrêmement différentes. Alors que les Blancs avaient éprouvé des sentiments de paranoïa, des changements d’humeur importants, la démonstration de comportements inadéquats en termes de sexualité et d’agressivité, les Autochtones avaient majoritairement fait l’expérience d’une stabilité de l’humeur marquée par un enthousiasme religieux, des sentiments agréables de contact avec un ordre de réalité plus grand, et avaient expérimenté des bénéfices thérapeutiques tels que la réduction de l’anxiété, l’augmentation de l’estime de soi, et la satisfaction dans la vie en communauté (Wallace, 1959).

La différence drastique des effets observés entre ces deux groupes peut être expliquée à la fois par la différence de setting (contexte clinique pour les Blancs, contexte rituel pour les Autochtones), mais aussi selon Wallace par des attitudes culturelles différentes envers les expériences hallucinatoires en général. En effet, alors que les sociétés occidentales caractérisent généralement l’hallucination comme le symptôme grave d’une maladie mentale ou physique, lui accolant un stigmate ainsi que des conséquences sociales telles que l’exclusion et la punition (via l’internement psychiatrique notamment), à l’inverse, dans nombre de communautés autochtones américaines, l’hallucination peut être associée à des significations d’ordre spirituel et religieux, et n’est pas nécessairement considérée comme négative ; elle peut même être vue comme positive et porteuse de sens à interpréter (Wallace, 1959). Ces différences socioculturelles dans la façon même de percevoir ce qu’est une hallucination viendraient ainsi en partie moduler le vécu de l’expérience psychédélique et son interprétation.

Le fait que des attitudes culturelles et sociétales négatives envers les substances psychédéliques (et les « drogues » en général) puissent influencer négativement l’expérience avec celles-ci est d’intérêt à considérer au regard du climat de stigmatisation et de panique morale qui entoure leurs usages et les personnes qui les utilisent (Becker, 1967 ; Bunce, 1979).

Observant une diminution importante entre 1965 et 1975 de la prévalence de bad trips[2] lors d’une première expérience avec le LSD chez les hommes[3] aux États-Unis, Bunce fera l’hypothèse que ce changement a des origines sociales et politiques. Selon lui, la perte de souffle de la panique morale autour du LSD (résolue en 1970 par sa classification en tant que substance contrôlée) serait la cause de la baisse de la prévalence de bad trips observée (Bunce, 1979). La propagande médiatique mettant en garde contre les dangers fantasmés du LSD, par  exemple, devient moins présente après sa classification et exerce donc un impact sociétal et culturel moindre.

Quelques années plus tôt, le sociologue Howard Becker, observant une diminution similaire de la prévalence de bad trips en lien cette fois avec la consommation de cannabis, proposait une explication à partir du niveau de développement d’une sous-culture. Selon lui, dans un contexte sociétal de stigmatisation autour d’une certaine substance psychotrope, la présence d’une communauté fédérée autour de la substance en question jouerait en quelque sorte un effet protecteur en aidant les personnes à interpréter leurs expériences au-delà des discours anxiogènes dominants (Becker, 1967).

Ces différentes études sociologiques et anthropologiques mettent en avant les bases sociales de l’expérience subjective en lien avec la prise de substances psychédéliques, et le rôle non négligeable des conditions culturelles, sociales, politiques, légales, dans la constitution de celle-ci (Bunce, 1979).

War on drugs et classifications des substances

Tout au long des années 1950 et 1960, la recherche psychédélique est florissante dans un nombre important de disciplines. En dehors de la sphère académique, les psychédéliques se sont progressivement fait connaître à l’échelle de la société dans plusieurs pays occidentaux, notamment en raison de l’impact culturel important de certaines œuvres artistiques (par exemple, The Doors of Perception par Aldous Huxley, 2010). Par leur association avec les mouvements hippies et contre-culturels en général, les psychédéliques acquièrent une image de substances récréatives et exploratoires porteuses de valeurs sociales utopiques, en lien notamment avec la tolérance, le pacifisme, et l’anticapitalisme (Sanchez Petrement, 2023). Les festivals ou encore les communes forment ainsi des espaces d’expérimentation sociale où les substances psychédéliques (au premier plan desquels le LSD) jouent le rôle de facilitatrices en élargissant la conscience (Melville, 1972 ; Wesson, 2011).

Au début des années 1970, et en réaction entre autres aux mouvements contre-culturels pacifistes opposés à la guerre du Viêt Nam, les États-Unis sous l’égide du président Nixon se lancent dans la « War on Drugs », une campagne politique, culturelle et morale coûteuse visant à décourager la production, la distribution et l’usage des drogues psychoactives rendues illégales (Rodrigues et Labate, 2016). En 1970, les psychédéliques sont ainsi classifiés Schedule I, c’est-à-dire en tant que substances considérées comme ayant le plus grand potentiel d’abus, et sans aucun usage médical accepté. L’Organisation des Nations Unies fera de même un an plus tard en classifiant également le LSD et les autres psychédéliques en tant que substances contrôlées de Schedule I dans leur Convention sur les substances psychotropes.

Ces classifications ont un impact drastique et immédiat sur l’état de la recherche expérimentale, les substances classifiées ayant les plus fortes restrictions d’accès et d’usage, y compris pour la recherche (Nutt et al., 2013).

Au-delà des raisons politiques et morales, des failles méthodologiques importantes dans les études cliniques, des violations éthiques majeures (par exemple l’abus sexuel de patient·es, l’administration de psychédéliques à des personnes restreintes physiquement, ou sans obtention de consentement éclairé) (Tupper et al, 2015 ; Michaels et al., 2018), ainsi que le manque de crédibilité de beaucoup d’études cliniques (Dubus, 2019), sont des facteurs importants ayant contribué à mener à la suppression des financements et à l’abandon de la recherche psychédélique à partir des années 1970.

La « renaissance psychédélique » : une renaissance disparate

Une poignée d’études cliniques reprend à partir de la fin des années 1980 (Hermle et al., 1992 ; Strassman et Qualls, 1994 ; Gasser, 1995 ; Vollenweider et al., 1997), mais c’est à partir des années 2000 que l’on observe un véritable retour de l’intérêt de la recherche sur les psychédéliques (Lawrence et al., 2021). Cet essor important après un sommeil qui aura duré une trentaine d’années est parfois qualifié de « renaissance psychédélique » (Sessa, 2012). Celle-ci a entre autres été rendue possible par des changements culturels et idéologiques dans la perception des substances psychédéliques.

Alors que plusieurs études récentes présentent des résultats prometteurs pour le traitement de plusieurs troubles de santé mentale tels que la dépression (Carhart-Harris et al., 2018a ; Muttoni et al., 2019) ou l’anxiété en lien avec le cancer ou la fin de vie (Grob et al., 2011 ; Griffiths et al., 2016 ; Ross et al., 2016), il convient de relativiser la portée de cette renaissance et de la contextualiser.

Disparités dans la « renaissance psychédélique »

Enjeux géographiques

La classification des substances psychédéliques en tant que stupéfiants continue d’avoir des impacts majeurs sur les possibilités d’entreprendre des recherches expérimentales (Nutt et al., 2013). Des différences importantes dans l’octroi des autorisations par les agences de régulation sont visibles entre pays, conséquences d’attitudes culturelles, politiques et idéologiques différentes envers les substances psychédéliques (Belouin et Henningfield, 2018 ; Dubus, 2021). Au-delà de la difficulté d’accès aux autorisations, les coûts des substances de synthèse produites par des laboratoires privés sont largement prohibitifs, certain·es auteur·ices mentionnant par exemple le prix de 8 000 dollars pour un gramme de psilocybine, auxquels il faut ajouter 12 500 dollars pour obtenir le label « Good Manufacturing Practices» certifiant la qualité du produit (Dubus et al., 2023).

Ces obstacles ont des impacts importants sur la production actuelle de savoir expérimental sur les psychédéliques. La conséquence de cet accès différencié aux autorisations et aux subventions est en effet la situation de quasi-monopole de la recherche expérimentale par une poignée de centres de recherches, principalement présents aux États-Unis, au Canada, et en Grande-Bretagne (Solmi et al., 2022). En termes de citations, les États-Unis, la Suisse, et la Grande-Bretagne, se distinguent en regroupant 73 des 100 articles les plus cités dans les trente dernières années dans le domaine de la recherche psychédélique sur les humain·es (Hadar et al., 2023).

Les problèmes associés à cette concentration importante de la production scientifique sont multiples : homogénéité des chercheur·euses ainsi que des participant·es (Michaels et al., 2018 ; Williams et al., 2022), homogénéité des approches (Noorani, 2020), et phénomène important d’autocitation (Solmi et al., 2022).

Enjeux d’équité

Ces disparités géographiques sont en lien avec des enjeux importants en termes de justice et d’équité. Au-delà de la seule question de la langue, la domination du monde culturel occidental anglo-saxon dans la recherche sur les psychédéliques soulève un paradoxe entre la présence d’usages parfois millénaires chez les populations autochtones, et la quasi-absence de leurs savoirs dans la production scientifique actuelle (Williams et al., 2022).

L’analyse des réseaux de collaboration scientifique suggère que la plupart des chercheur·euses influent·es dans le domaine de la recherche clinique psychédélique sont WEIRD (Western, Educated, Industrialized, Rich, Democratic) (Michaels et al., 2018 ; Hadar et al., 2023). Les analyses bibliométriques révèlent en effet la sous-représentation voire l’absence des groupes minoritaires, notamment racisés, dans les collaborations, citations, etc.

Au-delà des personnes qui mènent les recherches, il y a également une homogénéité importante des personnes qui y participent. 82,3 % des participant·es dans 18 études psychédéliques menées en contexte clinique publiées entre 1993 et 2017 étaient des personnes blanches non hispaniques, et 2,5 % seulement étaient des Afro-Américain·es (Michaels et al., 2018). Si le Brésil est un contributeur de plus en plus important à la recherche psychédélique actuelle (Hadar et al., 2023), il est frappant de noter que la plupart des personnes ayant participé aux études brésiliennes sont également blanches ou de race/ethnicité non reportée (Michaels et al., 2018).

Cette faible inclusion des personnes racisées dans les études cliniques, et corollairement la non-prise en compte des défis particuliers auxquels elles peuvent faire face, par exemple en termes de trauma relié à la race (Williams et al., 2021 ; de la Salle et al., 2022) rend les connaissances produites potentiellement non généralisables à toutes les communautés culturelles, et pose la question de l’équité des traitements qui seront éventuellement proposés.

Enjeux disciplinaires

La recherche expérimentale avec les psychédéliques reste en outre l’apanage des disciplines biomédicales et est surtout envisagée sous l’angle de la clinique et des neurosciences (Bartlett et al., 2023). Dans la liste des « 10 articles les plus importants de ces dix dernières années » élaborée par Psychedelic Science Review à partir du nombre de citations (Bauer, 2019), on ne retrouve que des articles situés dans les disciplines des neurosciences, de la psychiatrie et de la pharmacologie. Les sciences sociales sont absentes. Cet exemple, bien que pouvant sembler anecdotique, est néanmoins symptomatique d’un certain monopole disciplinaire du discours scientifique, qui ne concerne cependant pas que le champ des études psychédéliques.

Les études les plus influentes prenant place dans un paradigme clinique, l’expérience psychédélique est généralement quantifiée par de multiples questionnaires psychologiques ou par diverses techniques d’imagerie cérébrale, jusque dans ses composantes les plus mystiques (voir Griffiths et al., 2011), omettant de ce fait une part importante de l’expérience phénoménologique (telle qu’elle est vécue). Cette vision réductionniste est cependant critiquée par certain·es chercheur·euses, y compris en neurosciences, qui invitent plutôt à intégrer la réalité subjective de l’expérience psychédélique à ces recherches. Par exemple, les études de Vollenweider sur les corrélats neuraux de la conscience incluent des témoignages à la première personne ; la subjectivité est considérée comme indispensable pour donner du sens à ce qui est observé par imagerie cérébrale (Langlitz, 2012). Les approches qualitatives ou phénoménologiques en sciences sociales, quant à elles, n’obtiennent qu’exceptionnellement des autorisations à mener des recherches expérimentales et, quand elles le font, c’est souvent dans le cadre d’expériences cliniques plus larges en contexte naturaliste (voir par exemple Michael et al., 2021).

Constitution d’un savoir légitime

Domination du paradigme médical et psychologique

Cette situation de quasi-monopole de la recherche expérimentale, à la fois par une poignée de pays occidentaux et par les disciplines biomédicales, conduit à une certaine normativité dans le discours scientifique produit sur les psychédéliques. Ceux-ci sont généralement pensés comme des molécules uniquement plutôt que comme des objets qui sont également sociaux (Fotiou, 2020 ; Falcon, 2021), et leur fonctionnement est conçu comme causal et linéaire suivant le modèle explicatif typique de la pharmacologie (Tupper et Labate, 2014 ; Noorani, 2020). Plus précisément, le champ de la recherche psychédélique est dominé par le discours de la médicalisation. La médicalisation peut être définie comme la conceptualisation des problèmes humains en tant que troubles médicaux, ce qui implique qu’ils peuvent être étudiés, diagnostiqués, traités, et prévenus en tant que tels (Conrad, 2007). Concernant les psychédéliques, il s’agit d’une médicalisation qui prend essentiellement une coloration psychologique, la plupart des études cliniques étudiant des effets en lien avec la santé mentale. Les psychédéliques sont redéfinis et pensés sous l’angle de l’« outil » psychologique (Noorani, 2020), voire du médicament, plutôt que comme une « médecine » sacrée par exemple (Fotiou, 2020). Cette double perspective de médicalisation / psychologisation s’insère au sein du modèle biomédical occidental qui a notamment pour caractéristique d’opérer une distinction forte entre corps et esprit (mind / body), et de considérer la santé dans une perspective réductionniste d’absence de maladie uniquement (Willis et Elmer, 2007). Dans ce modèle, les essais pharmaceutiques sont l’une des voies principales de la recherche en psychothérapie, et cela au détriment d’un modèle prenant davantage en considération les facteurs sociaux de la santé psychologique (Deacon, 2013). Cette conceptualisation particulière institue un savoir légitime (celui produit par les chercheur·euses dans les disciplines considérées légitimes comme la psychiatrie, les neurosciences, la pharmacologie), mais également des pratiques légitimes.

Une partie importante des recherches cliniques récentes insiste en effet sur le fait que l’usage des psychédéliques devrait préférablement, voire exclusivement, se faire dans un contexte thérapeutique, sous supervision médicale (Tupper et al., 2015). L’utilisation non supervisée médicalement des psychédéliques pourrait selon ces sources entraîner des conséquences psychologiques désastreuses, imprédictibles (Johnson et al., 2008), menant les personnes à se faire du mal à elles-mêmes ou à autrui. Les psychiatres, psychologues ou médecins seraient donc les seules personnes qualifiées pour accompagner les expériences psychédéliques de façon sécuritaire et positive : le contexte médical apparaît comme le seul setting acceptable et légitime (Noorani, 2020). Si l’argument avancé est généralement celui de la réduction des risques psychologiques, on peut aussi comprendre ce discours en termes de tactique de légitimation pour justifier l’étude scientifique de substances par ailleurs fortement associées à la spiritualité (Corbin, 2012). Les aspects potentiellement mystiques de l’expérience psychédélique sont en effet une source de clivage dans la communauté psychédélique, opposant d’un côté des chercheur·euses défendant une position naturaliste laissant peu de place à ce qui est difficilement observable et quantifiable (Sanders et Zijlmans, 2021), à des thérapeutes et chercheur·euses selon qui la composante mystique et spirituelle est partie intégrante du soin (Griffiths et al., 2008 ; Ko et al., 2022). Des chercheur·euses en sciences humaines et sociales ont en outre relevé des biais dans la manière même de conceptualiser le mysticisme (Mosurinjohn et al., 2023).

Si l’expérience psychédélique doit être effectuée sous supervision médicale, en contexte clinique, et avec une finalité thérapeutique pour être légitime (Noorani, 2020), cela signifie par contraste que les expériences psychédéliques vécues de façon solitaire, entre pair·es, ou avec des guides ou chamanes, ne sont pas légitimes, ou du moins ne le sont pas autant. Cela inclut donc les usages récréatifs et exploratoires tout comme une grande partie des usages spirituels ou religieux. Ces discours viennent ainsi délégitimer la majeure partie des usages des psychédéliques dans le passé, mais également aujourd’hui, la plupart de ces expériences prenant place dans des contextes non supervisés par une autorité médicale (Noorani, 2020 ; Dollar, 2021). Les enjeux coloniaux réapparaissent de façon évidente avec la délégitimation des traditions, des usages et des savoirs autochtones.

Domination du paradigme occidental et colonial

Evgenia Fotiou a discuté l’hégémonie de la science occidentale sur les autres formes d’acquisition et de production de savoirs, avec en filigrane la question de la place des savoirs autochtones au sein de la science psychédélique actuelle (Fotiou, 2020). Elle note que le paradigme psychologique et médical qui tend à dominer le discours est un paradigme occidental, qui envisage les psychédéliques principalement sous l’angle de l’outil thérapeutique psychologique. Or, dans beaucoup des contextes d’utilisation traditionnels (et actuels) autochtones, ces substances sont considérées de manières différentes, au sein d’un rapport particulier entre corps physique et monde spirituel, et dans le cadre de cosmologies incluant les plantes et les animaux aux côtés des humain·es. Le rapport à la question de la santé est également différent : alors que l’objectif de la biomédecine occidentale serait de « cure », l’objectif des médecines traditionnelles autochtones serait de « heal » (Fotiou, 2020). Si les deux concepts sont souvent traduits en français par un concept unique (« guérir »), « cure » désigne plutôt l’action mise en place, dans une perspective scientifique s’appuyant sur les données probantes, pour traiter une maladie ou corriger un problème, tandis que « heal » désigne un processus holistique, dépendant davantage de la relation avec la personne pourvoyeuse de soins, et dont le but est d’amener à une plus grande intégrité chez la personne (Hutchinson et al., 2009).

De la même façon, la standardisation des psychédéliques avec par exemple leur mise en capsule pour faciliter le contrôle du dosage ne correspond pas à la façon dont ces plantes étaient et sont traditionnellement utilisées, et ne s’insère pas nécessairement dans un même rapport social à la plante. En devenant une pilule de psilocybine, le champignon sacré est décontextualisé de son contexte culturel d’utilisation (Falcon, 2021) et de ses significations sociales (Fotiou, 2020). Pour nombre d’expert·es autochtones, la science occidentale, de par sa vision réductionniste du réel à ce qui est quantifiable et observable, n’est ainsi pas équipée pour comprendre pleinement le caractère sacré et spirituel propre à certaines expériences psychédéliques, et qui s’avère central pour plusieurs personnes engagées dans un processus de guérison (McCleave et al., 2024).

Pour Fotiou (2020), ces discours médicalisants et psychologisants issus du paradigme de la science occidentale ont au moins deux conséquences : premièrement, ils effacent les traditions desquelles les substances ont été appropriées, contribuant à la déculturalisation des personnes autochtones. Deuxièmement, en ne prenant pas en compte les ontologies et épistémologies autochtones, ils nous font passer à côté de connaissances importantes qui pourraient informer et enrichir la façon de faire la science occidentale. Il y a donc des conséquences en termes politiques, éthiques, épistémologiques.

Au-delà des discours, la recherche sur les psychédéliques soulève des enjeux éthiques d’ordre matériel importants. Il convient ici de souligner que l’histoire de la re-« découverte » de plusieurs substances psychédéliques est marquée par des dynamiques coloniales et extractivistes[4] (Williams et al., 2022). Alors que les usages thérapeutiques se développent, la mainmise des compagnies privées pharmaceutiques soulève des inquiétudes pour beaucoup de communautés autochtones qui craignent l’appropriation de leurs savoirs et médecines traditionnelles, le manque de reconnaissance pour le caractère sacré de leurs rituels et les menaces à leurs droits de propriété intellectuelle que représenteraient d’éventuels brevets (Fotiou, 2020 ; Dumit et Sanabria, 2022 ; Devenot et al., 2022).

Concevoir les psychédéliques comme des objets sociaux

Approfondissement du set and setting

Les facteurs extra-pharmacologiques de l’expérience psychédélique renvoient aux variables à l’œuvre dans la constitution de celle-ci et qui ne dépendent pas de la substance en soi (Hartogsohn, 2017). Nous avons discuté plus tôt des recherches socioculturelles menées dans la première vague de recherche psychédélique. Le concept de set and setting, notamment, permet de penser les facteurs individuels et environnementaux qui modulent l’expérience. Au-delà des considérations académiques, il est largement utilisé dans les communautés d’usager·es de psychédéliques, et est un élément clé de compréhension de l’expérience vécue (Hartogsohn, 2017). Ce concept a été enrichi dans les trente dernières années par plusieurs contributions en sciences sociales, permettant de mieux comprendre comment les caractéristiques contextuelles (incluant le contexte spatial, sociétal, historique, politique) et personnelles (caractéristiques sociodémographiques, attentes, expériences précédentes, etc.) modulaient l’expérience psychédélique vécue.

Matrix et collective set and setting

Betty Eisner, psychologue états-unienne qui a entre autres étudié le LSD dans les années 1950-1960 pour traiter les troubles de substance liés à l’alcool, a ainsi proposé d’ajouter une troisième dimension au set and setting : la matrice (matrix) (Eisner, 1997). Alors que le setting désigne à l’origine majoritairement l’environnement immédiat de la session de prise, la matrice d’Eisner vient également considérer l’environnement (social, familial, matériel) d’où provient la personne, et l’environnement de vie quotidienne dans lequel la personne retourne après sa session. Cette matrice peut être qualifiée de « bonne » si elle soutient l’intégration de l’expérience psychédélique, c’est-à-dire si elle contient des conditions de vie favorables et un entourage social soutenant, par exemple. Alors que le setting est le lieu où l’individu peut faire l’expérience du changement, la matrice est ce qui permet l’intégration de ce nouveau contenu à la personne.

Les travaux récents de Ido Hartogsohn ont permis d’approfondir le concept et l’ont amené à proposer la conceptualisation d’un collective set and setting (Hartogsohn, 2017). Dans cette perspective, les aspects du set and setting d’un individu sont déterminés par un niveau collectif de set and setting. En effet, à la fois le set, formé de la personnalité, des intentions, des attentes, etc., est modulé par des forces sociales et culturelles, et à la fois le setting est construit, par rapport aux topographies présentes, à l’architecture et au design, etc. De surcroît, le collective set and setting conceptualise la société dans son ensemble comme set and setting large puisque celle-ci fournit les conditions d’existence des expériences psychédéliques. En ce sens, la prise en compte par exemple de l’impact des politiques publiques sur les conditions de set and setting est cruciale, puisque les expériences vécues peuvent être modulées par celles-ci.

Exemple de la prise en compte de la race / ethnicité

Un exemple de ceci est le rapport différent aux psychédéliques en fonction de la race / ethnicité. On sait que les personnes blanches non hispaniques forment la population la plus susceptible de faire usage de psychédéliques – et cela est particulièrement vrai concernant le LSD (Yockey et al., 2020 ; Jahn et al., 2021). Ce constat peut en partie être expliqué par des différences en termes de criminalisation de l’usage des substances illégales, entre autres à travers le profilage racial, qui peuvent engendrer des perceptions et attitudes culturelles différentes, fondées notamment sur une plus ou moins grande appréhension à l’égard de potentielles conséquences (Jahn et al., 2021).

Neitzke-Spruill (2020) propose de considérer la race / ethnicité en tant que composante du set and setting, c’est-à-dire en tant que variable modulant le vécu et l’interprétation de l’expérience psychédélique. Il considère à la fois la race / ethnicité à travers le setting (soit l’environnement socioculturel et physique – qui peut donc inclure le racisme structurel), mais également à travers le set en tant que l’identité, construite dans un contexte de stigmatisation et de discrimination raciale, et qui vient moduler un type particulier d’expérience de conscience. Ces considérations sont particulièrement importantes lorsque l’on se rappelle le manque important d’inclusion des personnes racisées, notamment noires, dans les études sur les psychédéliques (Michaels et al., 2018).

En outre, des analyses transversales récentes à partir de données issues de l’enquête états-unienne National Survey of Drug Use entre 2005 et 2019 indiquent que les personnes racisées, particulièrement celles dont le niveau socio-économique est bas, pourraient tirer moins d’effets protecteurs sur leur santé mentale de l’utilisation de psychédéliques que les personnes blanches non hispaniques (Jones, 2023 ; Viña, 2024). Cela fait écho à d’autres analyses qui ont mis en lumière le fait que l’usage de psychédéliques est associé à une réduction de la détresse psychologique uniquement chez les individus hétérosexuels (Altman et Magnus, 2024).

Davantage de recherches étudiant le poids et l’effet des différentes variables sociales et démographiques sont donc nécessaires, tout en prenant en compte les multiples manières dont les oppressions systémiques et les enjeux d’équité modulent la réponse aux effets thérapeutiques des psychédéliques (Thrul et Garcia-Romeu, 2021).

Exemple de la prise en compte de l’environnement culturel et des interactions sociales

Une autre illustration concrète de la façon dont le set and setting module l’expérience psychédélique, tant dans son vécu que dans son interprétation, peut être vue dans la recherche ethnographique menée par l’anthropologue David Dupuis (2022) dans un centre chamanique d’inspiration catholique situé au Pérou. Des études anthropologiques antérieures sur les usages d’hallucinogènes ont ainsi montré que si certaines caractéristiques de ces expériences étaient similaires d’une culture à l’autre (par exemple, voir des motifs géométriques récurrents), d’autres caractéristiques variaient considérablement entre cultures (par exemple, le sens donné aux perceptions sensorielles, le contenu de celles-ci, ou l’émotion associée) (Furst, 1976 ; Dobkin de Rios, 1984).

En observant plusieurs sessions de prise d’ayahuasca en groupe ainsi que les sessions d’intégration subséquentes, Dupuis a constaté une homogénéisation progressive des hallucinations au sein du groupe – un processus d’apprentissage des hallucinations semble à l’œuvre, le contenu de celles-ci rejoignant progressivement une expérience commune où des éléments précis, issus notamment de la tradition religieuse catholique (vision de démons, d’archanges) ou encore de l’imaginaire culturel entourant l’ayahuasca (vision d’un serpent, d’une femme-végétal), figurent de plus en plus fréquemment dans l’expérience des personnes à mesure qu’elles avancent dans leur retraite (celle-ci durant généralement au moins huit jours).

À la fois l’environnement culturel (un centre chamanique créé par un médecin français avec une forte empreinte catholique, la présence de chants et d’iconographie catholique dans le lieu, etc.) et les interactions sociales (avec le chamane ainsi qu’entre pair·es au cours notamment des séances d’intégration en groupe) semblent ainsi susciter la production de certains contenus de l’expérience psychédélique, mais également l’interprétation de ces contenus en cohérence avec une mise en récit commune (Dupuis, 2022).

Considérer les sciences sociales dans la « renaissance psychédélique »

Nécessité d’un dialogue interdisciplinaire en recherche clinique

Si comme nous avons pu le voir les recherches en sciences sociales sont nombreuses et extrêmement riches, elles restent à un niveau subalterne (en termes de financement, de visibilité, d’autorisations pour utiliser les substances directement dans le cadre de recherche expérimentale) par rapport aux recherches des disciplines biomédicales.

Malgré des discours souvent enthousiastes en faveur de l’interdisciplinarité, celle-ci reste souvent réduite à l’inclusion d’éléments de contextualisation historique et sociale au sein du paragraphe d’introduction des articles en psychologie clinique et en neurosciences. Pourtant, on l’a vu, plusieurs chercheur·euses de ces disciplines ont reconnu les limites du modèle neuroscientifique naturaliste pour aborder les multiples facettes des expériences psychédéliques, notamment spirituelles, religieuses ou mystiques (Bartlett et al., 2023).

Ainsi, malgré des avancées importantes dans la compréhension des facteurs extra-pharmacologiques de l’expérience psychédélique, ceux-ci ne sont que trop rarement pris en compte dans le cadre de ces recherches (Hartogsohn, 2017 ; Noorani, 2020). La prise en compte insuffisante, voire inexistante, de variables sociodémographiques dont on sait qu’elles ont un effet sur l’expérience psychédélique, telles que le genre, la race / ethnicité, la classe sociale, l’âge (voir Studerus et al., 2012), mais aussi les idéologies religieuses, politiques, le milieu d’appartenance social et familial, etc., ne permet pas de comprendre pleinement comment celles-ci viennent moduler l’expérience psychédélique vécue et interprétée.

Or, cette compréhension de la façon dont les substances psychédéliques peuvent affecter différemment certains groupes de personnes est cruciale si l’on souhaite développer des traitements en santé mentale équitables et adéquats pour chacun·e (Michaels et al., 2018).

Valoriser le social dans la recherche clinique

Une meilleure reconnaissance des sciences sociales en recherche clinique permettrait non seulement l’élargissement de la compréhension des effets pharmacologiques observés, mais peut-être aussi l’optimisation des bénéfices thérapeutiques potentiels (Hartogsohn, 2016). En entretenant des attentes positives à l’égard des effets thérapeutiques des psychédéliques — par exemple en encourageant la participation à des groupes d’intégration communautaires, ou en privilégiant des représentations culturelles et médiatiques positives envers les psychédéliques — il serait ainsi possible de favoriser la survenue de ceux-ci (Carhart-Harris et al., 2018b ; Noorani et al., 2023).

Ces propositions se heurtent à l’accent mis sur les essais randomisés contrôlés, considérés comme le gold standard de la recherche pharmacologique. Ceux-ci privilégient en effet la mise en place de stratégies de mise à l’écart et de minimisation du social plutôt que sa valorisation (Hartogsohn, 2016, 2017 ; Noorani et al., 2023). Plusieurs auteur·ices ont pourtant soulevé l’inadéquation des essais randomisés contrôlés par placebo pour étudier les substances psychédéliques (Schenberg, 2021), notamment du fait de la difficulté, voire de l’impossibilité, de mener les études à l’aveugle, les personnes étant généralement capables de deviner dans quelle condition elles se trouvent (Muthukumaraswamy et al., 2021).

Dépasser le paradigme dominant

Loin de pouvoir être réduits à de seuls « outils » thérapeutiques (Noorani, 2020) ou à de simples molécules, les substances psychédéliques sont des « drogues culturelles » (Hartogsohn, 2017), dont les multiples usages peuvent avoir des motivations et des significations spirituelles, religieuses, culturelles, artistiques, philosophiques, politiques, récréatives, communautaires – la sphère clinique n’est en effet qu’une partie limitée de l’univers des psychédéliques, la plupart des expériences psychédéliques prenant place hors du contexte clinique (Noorani, 2020 ; Dollar, 2021). Au-delà du produit de l’interaction entre une molécule et un cerveau, l’expérience psychédélique est une construction éminemment sociale, traversée par un ensemble de normes, et qu’il convient d’envisager au sein de ses multiples contextes.

Ces considérations invitent à penser les psychedelic studies comme un champ large incluant non seulement les disciplines biomédicales et neuroscientifiques, mais également les sciences humaines et sociales, la philosophie, les arts, ainsi que l’ensemble des savoirs théoriques et pratiques produits par les multiples communautés psychédéliques issues des festivals, raves, groupes religieux, cercles psychonautes[5]. Un projet tel que le Psychedelic Humanities Lab à la New School for Social Research (États-Unis), groupe de recherche co-fondé par Nicolas Langlitz et Ksenia Cassidy, vise à intégrer les réflexions et les connaissances issues des sciences humaines aux développements des recherches biomédicales. Il s’agit également de considérer les aspects éthiques et politiques des psychédéliques, ceux-ci étant indépendants de leur valeur thérapeutique (Langlitz et al., 2021 ; Langlitz, 2023).

Si voir les essais randomisés contrôlés comme la source ultime d’informations sur les psychédéliques contribue à renforcer les injustices épistémiques en délégitimant les autres façons de produire du savoir (Schenberg et Gerber, 2022), la remise en question de ce monopole de la légitimité ouvre aussi vers le décentrement du seul paradigme occidental.

En ce sens Fotiou, par exemple, appelle non pas à l’abandon du paradigme scientifique occidental, mais plutôt à l’abandon de sa position privilégiée (Fotiou, 2020). Il s’agit de reconnaître d’autres paradigmes, et notamment les paradigmes autochtones, comme partenaires égaux de connaissance afin de dépasser les discours individualistes et médicalisants de la tradition scientifique occidentale. À un impératif politique (dépasser l’oppression systémique des Autochtones) se mêle un impératif épistémologique (faire une meilleure science).

Plusieurs initiatives décoloniales peuvent être mentionnées, comme les approches « Two-Eyed Seeing » qui visent à intégrer à la fois les perspectives autochtones et occidentales dans le domaine de la santé (Wieman et Malhotra, 2023), ou le Chacruna Institute qui soutient la justice psychédélique en mettant en avant les perspectives des communautés marginalisées sur le plan notamment de la race et du genre. En 2023, un panel d’expert·es autochtones provenant de plusieurs pays d’Amérique du Nord, du Sud, et d’Afrique, a formulé huit principes éthiques afin de guider la recherche occidentale sur des médecines traditionnelles autochtones. Les principes de « Reverence, Respect, Responsibility, Relevance, Regulation, Reparation, Restoration, Reconciliation » ont été déterminés afin d’assurer l’inclusion et la reconnaissance des voix et savoirs autochtones au sein d’une recherche psychédélique dominée par les perspectives occidentales allochtones (Celidwen et al., 2023). En encourageant le développement des savoirs sur les psychédéliques en-dehors des épistémologies issues de la matrice coloniale du pouvoir (Mignolo, 2009), ces initiatives permettent de lutter contre les injustices épistémiques qui dominent le champ.

Enfin, imaginons un instant la possibilité de mener des études expérimentales en sciences sociales. Des sociologues, par exemple, pourraient obtenir des autorisations pour fournir des substances psychédéliques aux participant·es dans divers protocoles de recherche qualitative ou quantitative. En permettant le contrôle des variables pharmacologiques (composition de la substance et dosage), ces études offriraient une occasion de mieux comprendre comment l’expérience est modulée par les multiples variables extra-pharmacologiques, d’évaluer le poids relatif de chacune de ces variables, et ouvriraient à la possibilité de la réplication des études. Alors que de plus en plus de recherches indiquent la faible dangerosité des psychédéliques, il pourrait être pertinent de réfléchir aux modalités concrètes qui permettraient la conduite éthique et innovante de telles recherches.

Conclusion

Si le retour de la recherche psychédélique est porteur d’espoirs, notamment pour le domaine de la santé mentale, il convient de prêter une attention particulière aux normes épistémiques et politiques qui structurent cette renaissance. Alors que la perspective médicale et psychologique issue du monde culturel occidental monopolise en grande partie le discours scientifique, les autres façons d’envisager la production de savoir sur les psychédéliques sont perçues comme subalternes et moins légitimes.

L’accent mis sur les méthodologies biomédicales et pharmacologiques (imagerie cérébrale, essais randomisés contrôlés) se fait au détriment d’autres approches (qualitatives par exemple) et questions de recherche. Malgré les avancées en sciences sociales dans la compréhension des facteurs extra-pharmacologiques de l’expérience psychédélique, ceux-ci restent largement inconsidérés dans la recherche clinique au-delà des caractéristiques de base de l’environnement immédiat au moment de la prise, et des antécédents psychiatriques. Les propriétés phénoménologiques de l’expérience psychédélique, c’est-à-dire la façon dont cette expérience est vécue par la personne, sont également généralement absentes, l’expérience étant réduite à des manifestations quantifiables. Pourtant, l’inclusion de ces connaissances à la recherche clinique et la valorisation du social dans ses protocoles pourrait bonifier les bénéfices thérapeutiques, ou à tout le moins, permettre de faire un pas vers des traitements plus équitables pour les communautés marginalisées.

Au-delà de la sphère clinique, la conceptualisation des psychédéliques comme objets sociaux permet d’envisager ses multiples usages non cliniques, notamment religieux, spirituels, récréatifs, exploratoires. Après tout, la grande majorité des expériences psychédéliques se déroule dans des contextes non cliniques (Dollar, 2021). Cela permet sur le plan politique de sortir d’un certain « exceptionnalisme psychédélique » (Hart, 2024), position qui consiste à défendre la décriminalisation des psychédéliques à l’exception de toutes les autres substances qualifiées de drogues, sous la justification que les psychédéliques, du fait de leur intérêt thérapeutique, seraient différents des autres drogues qui elles seraient purement récréatives. On retrouve dans ces discours le clivage entre des usages qui seraient légitimes (usages médicaux / thérapeutiques) et d’autres qui ne le seraient pas (usages récréatifs). Pourtant, comme pour beaucoup d’autres substances qualifiées de drogues, une multiplicité d’usages peut coexister (Basedow et Kuitunen-Paul, 2022).

Favoriser le dialogue entre disciplines, entre épistémologies, entre communautés est une nécessité afin que les psychedelic studies sortent du paradigme dominant de la science biomédicale occidentale, et que le caractère éminemment social, culturel, et politique des substances psychédéliques, soit pleinement considéré.

 


Notes

[1] ^Le terme « Autochtones » désigne dans un sens général les personnes dont les ancêtres habitaient dans une certaine région avant que d’autres populations ne s’y installent. Nous l’employons ici dans un contexte nord-américain pour désigner les personnes dont les ancêtres étaient présent·es sur le territoire avant la colonisation européenne. Le terme « Allochtones » est l’antonyme d’« Autochtones ».

[2] ^Le bad trip est un terme décrivant une expérience ou un moment particulièrement difficile à vivre, consécutif à la prise d’une substance psychoactive. Ces bad trips, s’ils sont pénibles sur le moment, peuvent néanmoins être interprétés par la suite comme des expériences porteuses de sens (Dyck et Elcock, 2020 ; Gashi et al., 2021).

[3] ^Il n’y avait pas de femmes dans l’étude.

[4] ^Pour en apprendre davantage sur l’histoire tragique de María Sabina, curandera mazatèque qui contribua à faire connaître les champignons hallucinogènes aux Occidentaux, il est possible de se rapporter à l’épisode « The Tragic Story of Maria Sabina’s Sacred Mushrooms » de l’émission de radio To the Best of Our Knowledge.

[5] ^Le terme « psychonaute » (« navigateur·ice de l’esprit ») désigne une personne qui s’intéresse à l’exploration de la conscience et des phénomènes psychiques, notamment à travers l’expérience subjective d’états de conscience non-ordinaires. Les substances (psychédéliques, dissociatives, etc.) peuvent être utilisées, mais également certaines pratiques comme la méditation, le rêve lucide, l’hypnose, etc. (Blom, 2009).  


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